Rien de plus évident que la nécessité de se former tout au long de la vie. Rien de plus compliqué que le système français de la formation continue. Mais les lignes bougent : la loi avenir professionnel de septembre 2018 le modifie en profondeur, et donne plus de leviers aux individus. La pierre angulaire de ce dispositif est une nouvelle application, qui permettra à chacun de gérer son compte personnel de formation (CPF), désormais monétisé en euros, et d’accéder à l’ensemble de l’offre de formations certifiantes et à des financements. Avec ses 500 euros de crédit annuel sur son CPF – une somme faible au regard des tarifs de certaines institutions – chacun pourra, à partir de la fin 2019, acheter directement un bloc de formation dans une institution, quitte à compléter par d’autres sources de financement.
Les grandes écoles ou les universités y voient une opportunité de se développer bien plus sur ce marché de 13 milliards d’euros qui, selon Guillaume Gellé, de la commission formation de la Conférence des présidents d’université, « se met à l’heure d’Amazon » : on pourra avec un même outil comparer, choisir et payer des formations issues d’une multitude d’organismes.
Pas facile de retourner à l’université quand on l’a quittée, et de s’organiser pour commencer ou reprendre une vie d’étudiant, à temps plein ou partiel
Face à ces bouleversements, les universités sont inégalement préparées. Certaines, comme Dauphine, se sont lancées depuis longtemps dans cet univers concurrentiel, multiplient les diplômes d’établissement et les partenariats avec les entreprises locales. C’est aussi le cas de la jeune université de technologie de Troyes, où nous sommes allés enquêter. D’autres – la majorité – sont moins armées. Au total, les universités françaises ne dégagent que 325 millions d’euros de chiffre d’affaires avec la formation continue, un chiffre en hausse, qui correspond àquelque 100 000 diplômesdélivrés chaque année, mais qui demeure bien modeste au vu de la taille du marché.