Intelligence artificielle (IA), transformation numérique, robotisation… Bien que de nombreux métiers soient appelés à disparaître au gré des mutations technologiques, les entreprises françaises anticipent trop peu l’évolution de leurs besoins en emploi. Telles sont les conclusions du cabinet de conseils Mercer, dans son étude annuelle sur les tendances mondiales en matière de gestion des talents, menée auprès de plus de 7 300 dirigeants, DRH et salariés dans seize pays (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Canada, Etats-Unis, Mexique, Brésil, Afrique du Sud, Emirats arabes unis, Inde, Chine, Hong Kong, Singapour, Japon, Australie).

Bien que la quasi-totalité des chefs d’entreprise (94 %) en France anticipent des mutations d’envergure dans les trois prochaines années, seul un tiers des entreprises déclare avoir une vision claire de l’impact de leur stratégie en matière de ressources humaines. Pourtant, « il y a un besoin très important d’anticipation », fait valoir Raphaële Nicaud, associée chez Mercer France. Dans cette étude, « nous avons distingué trois catégories d’entreprises : les traditionnelles, celles qui sont dans le changement, et les “révolutionnaires”. Or, la France a ceci de particulier qu’elle compte un nombre très important d’entreprises qui entrent dans la première catégorie ».Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Un inventaire confus, mais optimiste, des mutations du monde du travail

Le constat de Mercer est étayé par les conclusions du World Economic Forum, selon lequel les salariés français sont les plus mal armés face à l’avènement de l’intelligence artificielle. Ils comptent aussi au sein des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) parmi les actifs les moins nombreux à avoir suivi une formation au cours des douze derniers mois. Alors même que les métiers changent à toute vitesse : « les secteurs des médias, des technologies et des services financiers sont ceux qui ont connu les plus fortes mutations ces dernières années, souligne Raphaële Nicaud. Si on compare des descriptifs de postes d’aujourd’hui pour certains métiers, avec ceux d’il y a dix ans, on voit bien l’ampleur du changement. Toutes les tâches répétitives sont appelées à disparaître ».

Accélération de la robotisation

Selon Mercer, les seniors et les moins qualifiés sont en première ligne, dans la mesure où ils tendent à être majoritaires sur les emplois où au moins la moitié du travail peut être déléguée à une machine. En lieu et place d’une bonne gestion prévisionnelle de l’emploi, une solution plébiscitée par les entreprises françaises serait d’accentuer le recours à la sous-traitance. 96 % des cadres français interrogés pensent que les travailleurs indépendants vont remplacer de manière substantielle les emplois à temps plein (contre 79 % en moyenne dans les autres pays étudiés).